Les souvenirs de Jean-Marc Durou

Le 9 janvier 1994 à 12h10, Théodore Monod descendit pour la dernière fois de chameau. C’était au terme d’une grande méharée sur cette terre de Mauritanie qui, un jour de 1923, l’avait vu naître aux étendues infinies de cailloux et de dunes. Il était resté fidèle à cette terre dénudée par le vent, à ce merveilleux refuge du coeur. Soixante et onze ans avaient passé depuis son départ de Port-Etienne avec une caravane, soixante et onze ans jalonnés d’efforts interminables, de solitudes et de découvertes scientifiques. Il était riche à présent de mille étendues embrasées, de crépuscules et de gueltas, riche d’un trésor gagné pas à pas sous le soleil. Il posa le pied à terre, tapota le chameau qui l’avait accompagné jusqu’ici, à travers le siècle, ce compagnon de route qui lui avait offert tant de ciels étoilés et cette simplicité d’existence, si conforme à son âme. Désormais il n’était plus de blancs à remplir sur la carte du grand désert. Théodore Monod venait d’écrire l’une des plus belles pages de l’histoire de l’exploration du Sahara, ce désert qu’il ne quitterait jamais.

Né en 1951 à Alger, guide saharien devenu photographe, Jean-Marc Durou a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels « Théodore Monod, une vie de Saharien », en collaboration avec Sylvain Estibal et Hervé Derain. Jean-Marc Durou a assuré l’iconographie de ce très beau livre, aujourd’hui épuisé mais qu’on peut trouver d’occasion sur Internet. (A.D.)

Jean-Marc Durou, dont de nombreuses photographies sont exposées au Musée saharien, a bien voulu nous confier quelques-uns des documents qui reflètent l’aventure de Théodore Monod.

Certaines de ces photos, très anciennes, ont été prises dans des chambres portatives utilisant des plaques de verre, du type de cet appareil fabriqué en bois, avec soufflet et objectif fixe. L’immensité du Sahara et la fréquence des vents de sable entraînaient évidemment des difficultés d’utilisation et, après la prise de vue, les protections nécessaires au transport et à la sauvegarde des plaques. Les clichés présentés ici sont des pièces rares.


Théodore Monod lors de la Mission Augiéras-Draper (1927-1928)

Sur ces deux clichés pris en 1927, on remarque que Théodore arbore le casque colonial, ce qu’il ne fera ensuite que rarement. Sur l’image du dessus, deux autres détails ont leur importance: accrochés au bât du chameau, la double plaque de bois qui lui servait d’herbier et… le fusil. On peut être antimilitariste (l’était-il déjà à l’époque?) et avoir besoin de se défendre !

Théodore Monod lors de la Mission Augiéras-Draper (1927-1928)
Théodore Monod effectuant des relevés topographiques lors d’une mission au Sahara occidental (1934)
Théodore Monod en 1952 lors de sa première traversée du Madjabate el Koubra.
Théodore Monod sur le départ…
Théodore Monod à Dakar, dans son bureau de l’IFAN

Jean-Marc Durou, un des meilleurs historiens du Sahara, a souvent accompagné Théodore Monod dans le désert. Lorsque le déconfinement le permettra, il nous a promis de présenter au Musée saharien une exposition de ses documents les plus rares et de ses plus belles photos. Celle-ci en fera peut-être partie…

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