2022.02.07 L’hôpital du Sahara

Anne-Marie Salomon, la nouvelle Soeur Emmanuelle

Il existe un hôpital au Mali, en plein Sahara, fondé et dirigé par une Française de 75 ans. Elle l’a dédié à toutes les populations nomades du désert, qui ne peuvent quitter ni leur route ni leur troupeau pour se faire soigner. « Les nomades ne peuvent pas atteindre les soins, eh bien ce sont les soins qui vont atteindre les nomades ! »

A l’heure où le Sahara suscite beaucoup de convoitises pour les richesses immenses de son sous-sol et où les conflits armés ne font que s’intensifier, les peuples nomades – bergers et commerçants – sont décimés par les sécheresses et leurs escortes d’épidémies toujours plus meurtrières. Masqué par les problèmes géopolitiques et les troubles terroriste, le problème de la santé des hommes du désert ne semble inquiéter personne, alors même qu’un peuple entier et sa culture sont en train de disparaître à jamais.

Exemple de développement durable et pari humanitaire réussi, le destin extraordinaire de cette femme nous plonge au cœur de la culture touarègue, dans l’intimité du désert. Grâce à son hôpital, Anne Marie-Salomon fait beaucoup plus qu’une fiction humanitaire ou un sauvetage sanitaire : elle démontre que, sans moyens mais avec du courage et  une volonté d’acier, chacun d’entre nous peut accomplir l’impossible, à condition d’y croire.

Sœur Anne-Marie, née Anne-Marie Salomon en 1934 est médecin et religieuse. Depuis trente ans, elle est connue pour ses œuvres caritatives au Mali, auprès des Touaregs et des réfugiés de Gossi . Elle a créé et assure le fonctionnement de l’hôpital des Nomades de Kaïgourou et de Gossi.

En 1955, elle devient sœur dans la congrégation des sœurs de la Retraite à Vannes.Titulaire d’une licence de mathématiques, elle exerce pendant treize ans (1965 à 1978) le métier d’enseignante de mathématiques et physique-chimie1 à Lannion puis à Angers. Elle entreprend à l’âge de 45 ans des études de médecine. Elle suit son stage d’externat en 1984-1985 et devient docteur en médecine2. C’est lors de son stage d’internat en santé publique à Gossi, dans le Gourma malien (entre Sahara et le Sahel), qu’elle décide de s’y installer.

Elle s’installe en 1988 à Gossi, où elle crée un centre de soins, puis crée l’hôpital des Nomades à Kaïgourou pour les populations nomades parmi les plus défavorisées du pays. Alors que la région nord du Mali est bouclée et coupée du monde (à cause de la rébellion touarègue), elle est restée, de juillet 1990 à fin 1994, seule Blanche pour faire tourner son hôpital de campagne, l’unique à 180 hm à la ronde. Les ethnies se mêlent : Tamacheqs (Touareg désignés sous le nom de la langue qu’ils parlent), Bellahs (leurs anciens esclaves) mais aussi Arabes, Peuls. Au dispensaire, ce sont 60 à 90 patients par jour, soit 25.000 consultations dans l’année. Se trouvaient là des nomades chassés par les grandes sécheresses des années 70 et 80. Ils étaient descendus vers le sud pour trouver de l’eau, leurs troupeaux étaient morts. Ils vivaient parqués autour de la mare de Gossi, dans un état de désespérance et de dénuement absolu. Y sont soignés les tuberculeux, sidéens, lépreux, et les malades infectés de la bilharziose, du paludisme, du ver de Guinée, et les pneumopathies.

Outre l’hôpital de Kaïgourou, sœur Anne-Marie a créé six centres de soins à des distances comprises dans un rayon de 150 km. Parmi eux, trois sont accompagnés d’une école (à Doro, Almalitane et Teberent). À Idamane, l’association AEPG a fait creuser un puits et installer un petit dispensaire. Des soins médicaux ambulants s’y dispensent.

Elle s’est associée dès le départ avec un Touareg, Mohamed Ag Oumalha (dit « Zado. Il parle le tamacheq (langue maternelle), l’arabe, le bambara et le songhoï. Il traduit pour la sœur. Il est un musulman fervent, homme de Dieu qui s’est mis à la médecine « pour servir ses frères ». Il a suivi la formation de technicien de santé de la Croix-Rouge et a appris le reste aux côtés de la sœur.

Elle est appelée « Anne-Marie » par la population malienne. Elle devient connue des médias comme un symbole de l’aide aux femmes enceintes, aux mères épuisées, aux enfants squelettiques, aux blessés et malades.

(Selon Wikipedia)