En 1923, après une année de séjour à Port-Etienne consacrée à l’étude de la faune ichtyologique locale et de l’industrie de pêche, pour la première fois, Théodore Monod cède à l’appel de cet » autre océan « , le désert. Et il entreprend sa première méharée -environ huit cents kilomètres à travers la Mauritanie occidentale – dont il ramènera ce journal en forme de récit. Passionné, fervent, parfois même lyrique, ce chant du désert est en même temps un document exceptionnel, écrit par un homme au carrefour de son destin. « Enflammé par ses lectures, enthousiasmé par les quelques sensations sahariennes qu’il pouvait découvrir à Nouadhibou, Maxence voulait aller plus loin. Le désert l’attirait irrésistiblement ; bien souvent il examinait les cartes, établissait d’hypothétiques itinéraires, et il assistait avec une passion contenue, les yeux brillants, au départ, vers le nord, des caravanes, qu’il regardait s’éloigner sur le sable au pas lent et balancé des dromadaires. Il savait que son heure viendrait, que le désert l’avait conquis et ne le laisserait point aller sans lui faire subir son initiation. »