Quelques livres

En 1923, après une année de séjour à Port-Etienne consacrée à l’étude de la faune ichtyologique locale et de l’industrie de pêche, pour la première fois, Théodore Monod cède à l’appel de cet  » autre océan « , le désert. Et il entreprend sa première méharée -environ huit cents kilomètres à travers la Mauritanie occidentale – dont il ramènera ce journal en forme de récit. Passionné, fervent, parfois même lyrique, ce chant du désert est en même temps un document exceptionnel, écrit par un homme au carrefour de son destin. « Enflammé par ses lectures, enthousiasmé par les quelques sensations sahariennes qu’il pouvait découvrir à Nouadhibou, Maxence voulait aller plus loin. Le désert l’attirait irrésistiblement ; bien souvent il examinait les cartes, établissait d’hypothétiques itinéraires, et il assistait avec une passion contenue, les yeux brillants, au départ, vers le nord, des caravanes, qu’il regardait s’éloigner sur le sable au pas lent et balancé des dromadaires. Il savait que son heure viendrait, que le désert l’avait conquis et ne le laisserait point aller sans lui faire subir son initiation. »

Sur les pistes, dans les dunes ou sous la tente, le jeune Théodore Monod tient le journal de bord de ses découvertes et de ses réflexions au cours de ses premières années sahariennes ou en Afrique noire. Jusqu’à la veille de la guerre, l’explorateur note ainsi, sans méthode ni souci didactique, les étapes de sa formation scientifique et de sa vie intérieure.

L’homme est déjà tout entier dans ces pages spontanées, graves ou amusantes, souvent illustrées d’un croquis malicieux : l’humaniste et le chrétien, l’ethnologue et l’aventurier, le penseur ennemi des mots d’ordre, des chapelles et des dogmes. Ces carnets révèlent un caractère exemplaire d’indépendance d’esprit, de rigueur et de générosité.

La deuxième partie de l’ouvrage, intelligemment composé par le propre fils de Théodore Monod, rassemble un choix de lettres personnelles, de discours et d’interviews, de 1940 à nos jours.

Méharées reste le plus célèbre des livres de Théodore Monod, spécialiste incontesté du désert, qu’il parcourt depuis plus de soixante-dix ans à dos de chameau ou à pied.

Ce scientifique exemplaire n’a pas son pareil pour évoquer les paysages mauritaniens, pour raconter ses longues méharées dans les dunes, pour décrire la faune, la flore, l’histoire ou la préhistoire de ces régions où, dans les années trente, il entendit parler d’une mystérieuse et gigantesque météorite qu’il ne cesserait de chercher, durant un demi-siècle, avec une insatiable curiosité.

Naturaliste, botaniste, océanographe et ichtyologue, ancien directeur de l’Institut d’Afrique noire et professeur au Muséum d’histoire naturelle, Théodore Monod est né en 1902. Son œuvre est riche de nombreux ouvrages.

Théodore Monod a ouvert les portes du désert comme on entre en religion. Humilité, patience et sagesse seront les trois piliers de sa foi. Depuis, l’infatigable voyageur arpente l’immensité désertique du continent africain pour exhumer le souvenir fragile du passé de l’humanité. Lors des haltes, il rédige pour nous le journal d’un méhariste érudit rehaussé de poèmes inédits qui chantent la beauté des lieux. Dans ce livre, il revient aussi sur son enfance dans les galeries du Muséum d’histoire naturelle et sur sa passion dévorante de la connaissance.

Quelques hommes ont le rare privilège d’être tenus, par leurs contemporains, comme des consciences de leur époque. Théodore Monod est de ceux-là. Ce savant humaniste croyait de son devoir de mettre en garde les hommes contre leurs égarements et les dangers qui menacent la planète. Toute sa vie, il a arpenté les déserts pour retrouver la genèse de notre planète et permettre qu’émerge un « nouvel homme ». Celui-ci sera à part entière « fils du ciel et de la terre » grâce à l’élan de la spiritualité.

Théodore Monod voulait préparer un homo sapiens du troisième millénaire libéré de ses inutiles scories autant que de la violence et de l’instinct abusif de possession. Dans ce livre, il revenait sur les étapes d’un parcours humain et scientifique exceptionnel.

Théodore Monod / Le chercheur d’absolu suivi de textes de combat / Édition présentée et préparée par Martine Leca / Préface d’Albert Jacquard

Histoire de la météorite de Chinguetti

Une météorite géante, tombée au cœur de la Mauritanie au début du XXe siècle puis demeurée introuvable : telle est « l’affaire » sur laquelle se penche

Théodore Monod, avec la complicité de Brigitte Zanda, spécialiste des météorites. Partant de la découverte de l’objet par le nommé Ripert, capitaine de la coloniale, un dossier réunissant pièces à conviction, observations inédites, documents, cartes, témoignages et analyses fait le tour d’une énigme jamais élucidée.

Conciliant les mystères du voyage et les plaisirs de l’investigation scientifique, ce récit est nourri de l’insatiable passion pour le désert qui animait Théodore Monod, infatigable chercheur dont on devine qu’il avait trouvé là un merveilleux prétexte pour sans cesse parcourir son « diocèse » : le Sahara.

« Si nous voulons échapper au suicide collectif dans lequel nous sommes engagés par inconséquence, il est temps d’opérer une mutation radicale. »

Philanthrope et pacifiste, Théodore Monod, disparu en 2000, reste une des grandes consciences de notre époque. Son humanisme moderne et son militantisme pour le respect du vivant ont fait de lui un exemple et un précurseur.

Animaux, biogénétique, climat, cruauté, droit de l’animal, écologie, engagement, gaspillage, nucléaire, respect de la vie, surconsommation… Ordonnées en un passionnant dictionnaire, les pensées et réflexions de Théodore Monod issues de lettres personnelles, d’écrits, d’articles ou d’entretiens resonnent encore aujourd’hui d’une nécessité alarmante.

L’histoire humaine, c’est celle d’une espèce qui peu à peu prend le pas sur les autres. L’homme invente l’outil, maîtrise le feu, explore, conquiert, comprend. En quelques millénaires d’une progression fulgurante, il devient le roi de la création. Pourtant, cette histoire peut prendre fin.

En déséquilibrant son rapport avec la nature, en s’engageant dans l’aventure criminelle et folle du nucléaire, l’homme démontre aussi son incapacité à dépasser en lui les pulsions de violence et de mort. Oui : aujourd’hui, nous le savons, l’aventure humaine peut échouer.

Géologue, botaniste, archéologue, homme d’engagement et de foi, Théodore Monod aborde ici cette question dans toutes ses dimensions. Et s’il sonne l’alarme, il nous rappelle aussi qu’il reste une place pour l’espérance.

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